lundi 30 mars 2015

Le trip à Boston, 2e nuit

Avant de parler de Salem, je dois vous raconter ce qui s'est passé cette nuit-là...

Mon ami et moi, satisfaits de notre expérience de la nuit précédente, avions décidé, comme je l'ai écrit dans mon dernier billet, de stationner le West au même endroit pour la seconde nuit.

Le rutilant Rossinante repose dans un stationnement de Salem, Massachusetts.

À notre arrivée, quelle chance!, un espace encore meilleur est libre. Comme c'est dans un coin, au pied de la montagne, notre repos promet d'être agréable et sécuritaire. La nuit précédente, cet espace était occupé par un GMC converti en campeur. J'avais remarqué ce même camion à Salem, dans le stationnement du magasin de spiritueux où nous avions fait nos réserves. Le conducteur, saoûl, cuvait son vin sur le siège conducteur.

Mais cette nuit, le meilleur spot nous appartenait. Près de nous, un couple à la retraite en provenance de Québec.

Vers 2 heures du matin, je suis réveillé par des phares et des grondements de moteur à quelques mètres du Rossinante. J'entends sacrer, chialer, puis je retombe un peu endormi (ouais, j'ai vraiment le sommeil profond). L'automobiliste, en sacrament, s'en va finalement du parking en faisant crier ses pneus (crisser ses pneus? sais plus, ça illustrerait bien sa colère). Quand je regarde finalement par la fenêtre, je reconnais le GMC au loin. Le petit couple de Québec a mis les voiles, effrayé par ce frustré de la vie.

Quelques minutes plus tard, le gars est de retour. Cette fois, son pare-choc est à un pied de mon West. Il est sorti et il me crie après. Vu l'heure, et ma capacité à avoir une discussion philosophique, je m'adresse à ce con à travers ma fenêtre, et je chuchote comme si j'étais dans un confessionnal.

Moi : Qu'est-ce que tu veux ?

Con : C'est ma place, criss !

Moi : C'est un parking.

Con : Osti, ça fait deux mois et demi que j'me park icitte. C'est ma place, tabarnak.

(Il n'était pas aussi original que ça dans ses jurons, limité qu'il était par son état d'ébriété, son éducation et son intelligence, mais je varie pour le plaisir de la lecture.)

Moi : Prends ça cool, man. Donne-moi deux minutes, ça va me faire plaisir de te redonner « ta » place.

Je m'assois au volant et, sans baisser le toit ni relever les rideaux, je recule Rossinante de cinq ou six mètres. Le gars se stationne et, très fier de son coup, raconte à la fille qui est avec elle comment il m'a remis à ma place.

Come on. T'es à deux mètres de moi, tu penses qu'on t'entend pas?

Mon ami est pompé à bloc. Il a assisté à toute l'affaire sans broncher, mais il a le goût de le remettre à sa place. L'adrénaline dans le tapis, il saute de son lit. « Faut qu'on sorte. Prends deux bières, j'amène les chaises. »

Le gars m'avait crié après et s'en vantait, mais il ne savait pas à quoi ressemblait les deux hippies qui dormaient dans le West.

On est sorti, on a installé les chaises, on s'est ouvert une bière et on s'est mis à jaser comme si rien n'était. Ceux qui me connaissent savent que je suis doux malgré ma taille. Si tu ne me connais pas, et que tu me vois sortir en pleine nuit (6 pieds, 250 lbs) avec mon chum (taille proportionnelle à son poids...), le genre de gars qui prend n'importe qui au corps à corps sur demande, tu réfléchis plus à ce que tu dis.

Donc, il s'est tu.

Deux minutes plus tard, il est parti.

On est retournés se coucher.

Je n'ai pas revu le GMC à Salem le lendemain.

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